Nous avons vu les quatre règles qui nous permettent d’utiliser les katakana. Passons maintenant à quelques particularités qui concerne uniquement les kana : les règles de katakanisation.
Katakanisation : transformer en katakana un mot d’origine étrangère.
Il faut savoir qu’il y a beaucoup de mots anglais qui sont rentrés dans la langue japonaise et qui ont donc été adaptés à cette langue sous forme de kana.
Dans cette leçon, vous n’allez pas simplement apprendre sous forme de kana des mots anglais, vous allez également apprendre à transformer des mots étrangers en katakana tout en apprenant à respecter, bien entendu, les règles.
Ce cours est très important car nous verrons par la suite beaucoup de mots anglais katakanisé et aussi des noms propres étrangers occidentaux dans les cours suivants. Notamment quand nous aborderons les particules, je vous donnerai beaucoup de phrases d’exemples avec de temps à autres des noms occidentaux, donc katakanisés.
Il y a beaucoup de règles alors commençons tout de suite.
Quand on écrit un mot étranger en katakana, on ne se base que sur sa phonétique, sur sa prononciation, sur ce que l’on entend du mot.
Je dois vous prévenir que beaucoup de francophone font l’erreur de ne pas respecter la phonétique du mot. Cela s’explique par le fait qu’en français, nous autres francophones, quand nous voulons adapter un mot étranger au français, nous avons l’habitude de le prononcer à la française.
En japonais, nous devons faire exactement l’inverse et respecter la prononciation d’origine.
Un autre exemple : le mot « cow-boy ». À la française, nous avons l’habitude de prononcer « cow » avec le son [o] alors qu’en anglais, nous avons un petit son [a] au début.
Maintenant que ce point a été éclaircis, nous allons enfin rentrer dans le vif du sujet. Toutes les règles qui vous seront présentées ici sont applicables aussi bien des noms communs qu’à des noms propres.
Dans ce cours, nous ne verrons que des noms communs qui, de plus, sont parfaitement intégrés dans la langue japonaise et font partie du vocabulaire quotidien.
1. Retranscrire avec les syllabes qui ressemblent
Il faut récupérer phonétiquement le mot et essayer de le retranscrire le plus fidèlement possible avec les katakana.
Par exemple, un appareil photo se dit en anglais :
Camera → カメラ
Dans le cas ci-dessus, aucun problème. Nous avons parfaitement katakanisé le mot.
Un autre exemple, une porte se dit en anglais :
Door → ドア
Le mot ci-dessus voit le son [r] disparaître, faute de syllabe pour ce son.
2. Allongement
Par moment, nous mettrons un allongement dans les mots. C’est notamment le cas pour les mots anglais se terminant par un « r », le « r » n’étant quasiment jamais perceptible à l’oreille, nous allongeons la dernière syllabe.
Par exemple, le mot « power » :
Power → パワー
Le son [r] n’étant pas perceptible, nous allongeons le son [wa].
D’autres exemples :
Coffee → コーヒー
Designer → デザイナー
Shower → シャワー
Copy → コピー
3. Syllabe fermée
Quand nous avons une syllabe fermée qui se termine par une consonne seule, nous n’avons pas d’autre choix que de trouver l’équivalent le plus proche. Car les consonnes seules n’existent pas en japonais en dehors du ん.
Ainsi, si nous reprenons l’exemple précédent, « cake », nous avons le choix entre カ, キ, ク, ケ, コ. Nous n’avons pas le son [k] tout seul.
Si nous prononçons le mot « cake » à l’anglaise, le son le plus proche du [k] finale est le kana キ.
Cake → ケーキ
Ce cas est une exception à la règle car dans quasiment tous les cas où nous aurons une syllabe fermée, un mot se terminant sur une consonne, nous prendrons la version en ウ de la ligne de la version correspondante.
Prenons le mot « dance » par exemple. Le mot katakanisé se termine par un ス :
Dance → ダンス
Un autre exemple, le mot « hotel » :
Hotel → ホテル
Ici, nous avons pris le ル qui est très proche phonétiquement du [l].
Un autre exemple, le mot « beer » :
Beer → ビール
Ici, nous avons pris le ル qui est très proche phonétiquement du [r]. À ne pas confondre avec « ビル » qui veut dire « immeuble » (de l’anglais « building »)
Un autre exemple, le mot « jazz » :
Jazz → ジャズ
Ici, nous avons pris le ズ qui est très proche phonétiquement du [z].
Encore un autre, le mot « France », le mot « mango juice », le mot « rice », le mot « cheese » :
France → フランス
Mango Juice → マンゴジュース
Rice → ライス
Cheese → チーズ
Encore une fois, nous avons pris le ス et ズ qui est très proche phonétiquement du son [s].
Maintenant prenons trois autres mots un peu plus compliqués, « Single room », « double room » et « twin room » :
Single room → シングルルーム
Double room → ダブルルーム
Twin room → ツインルーム
Ici, nous avons pris le ム qui est très proche phonétiquement du son [m].
4. Pause
Nous pouvons avoir de temps en temps une pause. Cela se fait souvent en fin de mot. Toujours pour essayer de rester le plus proche possible de la prononciation originale.
Par exemple, le mot « sonic » :
Sonic → ソニック
Voilà ! Ce n’est pas ソニク. Vous voyez bien la pause indiquée par le petit ッ.
Un autre exemple :
Big → ビッグ
Là encore, ce n’est pas ビグ. Vous voyez bien la pause indiquée par le petit ッ.
5. Décomposer les consonnes qui s’enchaînent
Quand nous avons plusieurs consonnes qui se suivent dans un mot occidental, comment faire ? Car nous avons toujours une voyelle après une consonne en japonais, donc nous n’aurons jamais plusieurs consonnes à la suite. C’est pourquoi nous allons devoir décomposer les consonnes qui s’enchainent (sauf la dernière consonne) en utilisant la forme en ウ.
Par exemple, si nous prenons le mot « Crystal » :
Crystal → クリスタル
Nous voyons bien que le « cry » a été décomposé en クリ.
Un autre exemple avec le mot « Brassiere » :
Brassiere → ブラジャー
Nous voyons bien que le « bra » a été décomposé en ブラ.
6. Syllabe fermée en [t] ou en [d]
Quand le mot étranger se termine par une syllabe fermée en [t] ou [d], la forme en ウ serait ツ et ズ.
Comme vous le voyez, ce n’est pas très ressemblant. Dans ces deux cas de figure, nous utiliserons la forme en "オ".
Par exemple le mot « Test » et le mot « Light » :
Test → テスト
Light → ライト
Bed → ベッド
Hit → ヒット
Rock band → ロックバンド
Dragon → ドラゴン → Ici, le mot ne se termine pas par une syllabe fermée mais c’est la même règle qui s’applique. Nous avons les consonnes « d » et « r » qui se suivent.
Badminton → バドミントン → Ici, le mot ne se termine pas par une syllabe fermée mais c’est la même règle qui s’applique. Nous avons les consonnes « d » et « m » qui se suivent.
Strike → ストライク → Ici, le mot ne se termine pas par une syllabe fermée mais c’est la même règle qui s’applique. Nous avons les consonnes « t » et « r » qui se suivent.
Nous n’avons pas le son [t] tout seul en japonais et le ツ ne convient absolument pas. Donc, nous utilisons le kana ト et le kana ド.
Notez que pour les mots « dragon », « badminton » et « strike », nous décomposons les consonnes qui s’enchainent.
7. Voyelles nasales
Les voyelles nasales sont très présentes en français mais en japonais, ce n’est pas franchement le cas. Pour vous donner une idée de comment se passe la retranscription en japonais, je vous donne comme exemples des mots français qui sont passés dans le japonais.
Il s’agit le plus souvent de noms de nourriture ou de noms de grandes marques :
Le son « an » [ã] アン : Croissant → クロワッサン
Le son « in » [ɛ̃] アン : Tintin → タンタン
Le son « on » [ɔ̃] オン : Macaron → マカロン
8. Sons modifiés
Parfois, il existe certains sons que nous ne pouvons pas retranscrire fidèlement en kana. Par conséquent, nous allons modifier la prononciation de ces mots tout en essayant, encore une fois, de rester le plus proche possible de la prononciation originale.
[si]
シ Taxi → タクシー
シ Galaxy → ギャラクシー
Puisque le son [si] n’existe pas en japonais, alors nous le remplaçons par le son シ. Notez que pour les mots « Taxi » et « Galaxy », nous décomposons la consonne « x » en クシ.
[zi]
ジ Casino → カジノ
Puisque le son [zi] n’existe pas en japonais, alors nous le remplaçons par le son ジ.
[ti]
チ Ticket → チケット
Puisque le son [ti] n’existe pas en japonais, alors nous le remplaçons par le son チ.
[di]
ビ Vitamine → ビタミン ou encore Viva → ビバ
Le son [vi] non plus n’existe pas en japonais, et c’est le son avec lequel ils ont le plus de mal à s’en sortir, et pourtant, parce qu’il le fallait bien, ils ont décidé de remplacer le son [di] par tous les sons de la ligne des B.
Il existe encore toute une gamme de sons que nous n’avons pas encore vu : les sons en F. Il n’existe qu’un seul son de ce type en japonais, le フ. Ainsi, si nous voulons traduire des mots comme « Freelance », « Freeman », « Freezer », « Freak »… nous n’aurons aucun problème.
Freelance . フリーランス
Freeman . フリーマン
Freezer . フリーザー
Freedom . フリーダム
Freak . フリーク
Aucun problème donc. Mais si nous voulons retranscrire les sons « fa », « fi », « fe », « fo », comment allons-nous faire ? Nous verrons dans un prochain cours qu’il existe bien d’autres alternatives grâce à de nouvelles combinaisons de kana (également valable pour les hiragana), mais pour l’instant, nous allons nous arrêter là.
Toutefois, avant de passer à la conclusion, nous devons aborder un dernier point…
Le japonais est une langue qui est phonétiquement très pauvre. Cela n’a rien de péjoratif. La langue ne compte qu’au total environ une centaine de syllabes – ce qui, pour une langue, est extrêmement peu – en prenant en compte les nouvelles combinaisons que nous verrons très bientôt. En comparaison au français qui est phonétiquement très riche, il est assez compliqué pour les japonais de retranscrire toutes les syllabes des langues occidentales. Celles-ci, descendant quasiment toutes du latin, du grec… ont subi énormément d’influences en fil des siècles que ce soit des influences arabes, nordiques…, influences qui ont fait de ces langues les plus riches au monde phonétiquement. Pour prendre l’exemple du français, nous avons seize sons voyelliques comme « an, am, en, em » [ɑ̃], « in, ein, un, um » [ɛ̃], « on, om » [ɔ̃], « è, ai, ê » [ɛ], ainsi que les sons « eu » ouvert et fermé [ø] et [œ], et nous marquons bien la différence entre les sons « u » [y] et « ou » [u]…
Les japonais, eux, ont une langue très simple, à parler du moins. Il faut bien comprendre que les japonais, en dehors des idéogrammes chinois, n’ont pas subi une influence extérieure aussi importante que nous autres, occidentaux, et donc leur langue est demeurée extrêmement simple. En japonais, les mots sont entièrement constitués de syllabes et se prononcent comme ils s’écrivent (si je peux dire !). Par exemple, pour dire « OTOKO », nous avons trois syllabes, trois temps. Tout simplement. Ainsi, quand il s’agit de retranscrire des syllabes étrangères comme « an, am, en, em » [ɑ̃], « in, ein, un, um » [ɛ̃], « on, om » [ɔ̃], « è, ai, ê » [ɛ] et de bien marquer la différence entre les sons « u » [y] et « ou » [u], entre autres ; les japonais ont bien du mal car ils ne sont pas habitués à ces sons-là, leur langue ne comporte pas ces phonétiques. Cela dit, nous verrons plus tard que les japonais ont trouvé un moyen de compenser quelque peu ce souci lorsque nous étudierons les nouvelles combinaisons.
Un dernier exemple, le son [r] à la française et très prononcé est également très difficile pour les japonais. Pour prononcer ce son [r], il faut coller la langue au fond de la gorge là où se trouve les amygdales, or la langue est un muscle, et comme tous les muscles, il faut l’entraîner à prendre certaines positions à l’intérieur de la bouche pour prononcer certains sons bien précis, ce qui ne se fait pas en un jour. Voilà pourquoi, pour les japonais, tous ces sons peuvent s’avérer très compliqués à prononcer. C’est aussi la raison pour laquelle certaines retranscriptions de mots étrangers en katakana paraissent si souvent approximatives.
À contrario, l’écriture est bien plus complexe. Si, dans nos langues occidentales, l’écriture peut se faire en détachée ou en attachée, et se résume à une moyenne de 26 lettres – certaines langues occidentales possédant plus ou moins de lettres que d’autres -, le japonais, quant à lui, possède trois systèmes d’écriture (katakana, hiragana et kanji), les deux premiers étant des syllabaires et le dernier une série de plusieurs milliers d’idéogrammes. D’ailleurs, si les japonais ont conservé les kanji, c’est parce que ce système d’écriture leur permet de mieux faire la différence entre les différents mots qui se prononcent exactement, ou plus ou moins de la même façon. En clair, les kanji permettent de compenser la pauvreté phonétique du japonais, du moins à l’écrit. Oralement, c’est surtout le contexte de la phrase qui va nous permettre de comprendre ce que l’interlocuteur essaie de dire.
Cette explication fut plutôt longue mais importante. Ceci étant fait, nous pouvons enfin passer à la conclusion.
N’hésitez pas à relire la leçon plusieurs fois et à vous entraîner à la prononciation des mots. Entraînez-vous à passer de l’anglais à son équivalent en katakana mais aussi l’inverse, des mots en katakana vers l’anglais. J’ai fait de mon mieux pour expliquer par écrit tout ce qu’il y a à savoir sur le sujet. Je sais que les fichiers audios ne sont pas encore disponibles. J’espère pouvoir en fournir un jour sur le site.
Je peux enfin vous laisser avec vos exercices. Dans le premier, je vous donne des mots anglais et vous devez les écrire en katakana à côté, sans oublier si l’une des quatre règles d’utilisation des kana s’applique. Dans le second exercice, c’est exactement l’inverse, je vous donne des mots en katakana et vous devez écrire le mot anglais correspondant. Et je dis bien le mot anglais, pas le mot en rōmaji.
Ne vous inquiétez si vous ne réussissez pas ces exercices du premier coup. C’est normal, la première fois, on se trompe très souvent. Dans ce cas, recommencez autant que nécessaire jusqu’à réussir.
Sur ce, je peux enfin vous souhaiter de bonnes révisions à tous et à toutes. Prenez votre temps pour bien assimiler tout cela avant de passer à la leçon suivante.
Bonnes révisions à tous et à toutes.
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