COURS DE VOCABULAIRE PAR BRYAN MANGIN

拭浄と清浄の単語 - Nettoyage et propreté

Introduction

Si je vous dis que le nettoyage au Japon n’est pas simplement une nécessité mais aussi une vertu, est-ce que vous me croyez ? Une vertu qui participe au rythme et style de vie de tous les japonais. Et ce, depuis des siècles, le shintoïsme ayant beaucoup influencé le peuple japonais dans le respect d’autrui, des biens matériels et de l’environnement. Il va sans dire que les magasins qui vendent des produits d’entretiens ménagers font de jolis bénéfices sur ce critère culturel. Les pharmacies aussi d’ailleurs car propreté et santé sont synonymes au Japon. Car en plus des médicaments les plus classiques qu’on puisse y trouver, les pharmacies vendent aussi des produits cosmétiques et des produits ménagers, du spray nettoyant pour salle de bain à la poudre à lessiver. Sans oublier les produits bios tels que les barres de céréales, les biscuits...
Alors certes, le Japon n’est pas le seul pays où les pharmacies ont élargi leur gammes de produits pour attirer plus de clients, mais je veux vous faire comprendre à quel point la propreté est important pour les japonais. Il y a tant à dire qu’un exposé sur le sujet vous attend après la liste de vocabulaire ci-dessous.
Avant de commencer, je voudrais faire une petite remarque sur le mot 拭浄 dans le titre. Il se traduit par "le nettoyage". Pour autant, le mot 掃除 qui se traduit par "le ménage, le nettoyage, le balayage" est plus largement utilisé.
Oui, cette introduction est vraiment très courte, n’est-ce pas? Mais je n’ai rien de plus à dire. Au plus court, au plus efficace. Et trente-trois mots de vocabulaire. Trente-trois! (LOL)
Note : en français, 拭浄 et 清浄 peuvent se traduire par le même mot: le nettoyage. Cela dit, 清浄 peut aussi être traduit par "la pureté" ou "la purification".

単語. Vocabulaire

拭浄 . ショクジョウ . le nettoyage
掃除 . ソウジ . le ménage, le nettoyage, le balayage
拭き掃除 . ふきソウジ . le nettoyage, le frottage
クリーニング . le nettoyage (de l’anglais "cleaning")
ドライクリーニング . le nettoyage à sec (de l’anglais "dry cleaning")
/. ほうき . le balai
葉箒 / 葉帚 . はほうき . le balai à feuilles, le balai rustique (s’écrit parfois 葉ほうき)
竹箒 / 竹帚 . たけほうき . le balai en bambou (s’écrit parfois 竹ほうき)
庭箒 / 庭帚 . にわほうき . le balai de jardin (s’écrit parfois 庭ほうき)
デッキブラシ . le balai-brosse (de l’anglais "deck-brush")
モップ . le balai à franges, la serpillière (de l’anglais "mop")
漂白剤 . ヒョウハクザイ . l’eau de javel
ブリーチ . l’eau de javel (de l’anglais "bleach")
漂白剤ボトル . ヒョウハクザイボトル . la bouteille d’eau de javel
ブリーチボトル . la bouteille d’eau de javel (de l’anglais "bleach bottle")
掃除機 / 掃除器 . ソウジキ . l’aspirateur
掃除機袋 / 掃除器袋 . ソウジキぶくろ . . le sac pour aspirateur
ダスト . la poussière (de l’anglais "dust")
. ちり . la poussière
クリーニングクロス . le chiffon (de l’anglais "cleaning cloth")
ダスター . le chiffon à poussière (de l’anglais "duster")
ダストクロス . le chiffon à poussière (de l’anglais "dust cloth")
塵取り . ちりとり . la pelle à poussière
ダストパン . la pelle à poussière (de l’anglais "dustpan")
ダストビン . la poubelle (de l’anglais "dustbin")
クリーニング製品 . クリーニングセイヒン . le produit d’entretien, le produit de nettoyage
. ふくろ . le sac, le sachet
手袋 . てぶくろ . les gants
ゴム手袋 . ゴムてぶくろ . les gants en caoutchouc
ゴムグローブ . les gants en caoutchouc (de l’anglais "gum glove")
クリーニング手袋 . クリーニングてぶくろ . les gants de nettoyage
クリーニンググローブ . les gants de nettoyage (de l’anglais "cleaning glove")
スプリング・クリーニング . le nettoyage de printemps (de l’anglais "spring cleaning")

LA PROPRETÉ AU JAPON, TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR

1. La culture de la propreté du corps et de l’esprit

Un esprit saint dans un corps propre, c’est en résumé ce qui ressort de la culture nippone profonde. Inévitablement influencés par le shintoïsme, plus proche de la philosophie de vie que de la religion, les japonais accordent une part toute particulière à la notion de purification. Pour cause, depuis la constitution de 1868 sous l’ère Meiji, le shintoïsme est resté la « religion » d’État de l’Empire du Japon. Si la religiosité des Japonais diminua fortement après la guerre, on estime que 107 millions de japonais « pratiquent » toujours le shintoïsme (84 % de la population) tout en ayant une approche neutre vis à vis de la croyance. Aucun japonais ne suit la religion de manière dogmatique, mais les rites restent présents naturellement dans le quotidien.
Le fait est que la purification est centrale dans les rites shintoïstes. Les choses du monde physique possédant une âme, dans cette croyance, il est par exemple de coutume de se purifier soi-même ainsi que notre entourage. Un rite symbolique qui sert notamment à éviter d’être frappé d’une malédiction, de la vengeance de l’esprit d’un objet ou d’un être. Si le fait de se nettoyer est symbolique, les mêmes mots sont utilisés pour parler des activités quotidiennes (balayer, nettoyer…). Le rituel de propreté est donc intimement ancré dans les habitudes des japonais. L’omniprésence des onsen (温泉) et autres bains chauds, considérés depuis longtemps comme un moyen de purifier le corps et l’esprit, sont également les symboles forts d’un hygiénisme culturel.

2. Un pays...sans poubelles?

Dans la plupart des pays occidentaux, vous trouverez des poubelles tous les cinquantes mètres; mais dans l’archipel nippon, elles sont plutôt rares. Ce fait a tendance à déstabiliser les touristes et à se questionner : comment ce pays peut-il être aussi propre sans ces poubelles ? Il existe plusieurs réponses. Tout d’abord, les japonais transportent généralement avec eux leurs déchets car ils considèrent qu’ils en sont responsables dés lors qu’ils consomment un produit. Il faut l’avouer, l’omniprésence des sacs plastiques aident à cette tâche. Il sera donc courant de voir un groupe de vacanciers japonais amener leurs poubelles à la décharge après un barbecue bien arrosé, laissant le sol immaculé derrière eux. Naturellement, la perfection n’existe pas. Il vous sera possible de croiser des déchets à terre, dans les parcs et le long du littoral nippon.
Même chose en matière d’animaux de compagnie. Ceux-ci sont visibles partout à Tokyo et ailleurs. Il est pourtant pratiquement impossible de croiser une déjection sur un trottoir. Tous les japonais possédant un chien transportent un sac adapté à ce type de situation. Le propriétaire ramène le tout chez lui pour vider les excréments dans les toilettes. Il sera même courant que les pattes du chien en question soient vigoureusement nettoyées avant qu’il soit autorisé à rentrer dans la maison. Par ailleurs, les japonais ne consomment pratiquement pas de nourriture en pleine rue (Tokyo n’étant pas une référence en la matière) et jamais dans les transports en commun, chaque lieu ayant une utilité bien déterminée. Une poubelle adaptée sera donc trouvable dans les lieux où les japonais sont invités à consommer.
Bon, cela dit, il n’en a pas toujours été ainsi. Dans la période d’après guerre, le Japon connut le fameux boom industriel et l’entrée dans la société de consommation fut fulgurante. Tant et si bien que les déchets en tout genre et mégot de cigarettes jonchaient les rues malgré le ramassage des poubelles. Les poubelles des rues du centre de Tokyo ont disparu à la suite de l’attentat de 1995 et de l’accroissement du terrorisme islamique après 2001. Ils est encore possible de trouver des poubelles dans les gares d’où elles avaient été initialement retirées, les-dites gares étant des lieux à fortes concentrations humaines.
Mais ces attentats correspondent aussi avec le commencement de la crise économique au Japon et aux restrictions budgétaires des mairies, autrement dit, moins de poubelles à ramasser à la charge de la mairie égalent moins de dépenses. Au début des années 2000, il devient interdit de fumer dans les rues du centre de Tokyo. Les fumeurs et fumeuses doivent maintenant se rendre dans les cafés, bistrots et autres services de restauration offrant un espace fumeur pour pouvoir profiter de leur petit plaisir. Cette fois-ci, le prétexte était celui de la dangerosité des brûlures de cigarettes car comme les Japonais fument en marchant la cigarette à la main, ils pouvaient brûler les enfants qui se trouvaient à leur niveau et faire de jolis petit trous rond dans les vêtements des autres passants. Avant cette date, il y avait beaucoup de mégots écrasés dans les rues et les ramasser coutait de l’argent aux mairies. Il a donc été décidé par les mairies d’interdire de fumer dans les rues du centre.
Nous pourrions aussi ajouter la prise de conscience vis-à-vis de la protection de l’environnement, la nécessité du tri sélectif et du reçyclage, le développement de poubelles de tri... Mais je pense que je vais garder cela pour un autre cours de vocabulaire sur l’écologie et le reçyclage. Peut-être pour la troisième saison.

3. Les sociétés privées organisent le nettoyage

Les entreprises japonaises sont, pour la plupart, toujours influencées par la fameuse technique de management des 5 « S ». Aussi stricte que généraliste, celle-ci vise l’amélioration continue des tâches effectuées dans les bureaux. La troisième règle est le Seiso (清掃), entendez « faire scintiller » (nettoyage). Règle autant symbolique qu’effective, le travailleur japonais est tenu d’ordonner son travail et de l’assainir, notamment en prenant soins de son environnement de travail.
Pour cause, dans les usines lors du boom industriel d’après guerre, le manque de propreté pouvait entraîner le blocage de machines et une perte de rendement (croissance, croissance!). Le nettoyage systématique est devenu une norme inévitable et un gage de qualité qui se fera ressentir également en dehors de l’espace de travail. Il est par ailleurs courant que les grandes entreprises organisent des journées collectives de nettoyage. On peut ainsi observer des « salary-men » cravatés un sac et une perche à la main faire le tour du bâtiment où ils travaillent pour y récolter les déchets. Encore une fois, dans cette logique, l’espace sain permet la paix de l’esprit, donc un meilleur travail !
Note : La méthode 5S est une technique de management qui fait partie de la démarche qualité. Trier, jeter, recycler, archiver, placer les outils de travail selon leur fréquence d’utilisation. Ranger, classer de manière à limiter les déplacements physiques ou le port d’objets lourds, optimiser l’utilisation de l’espace.

4. Le respect des objets et des lieux

Les japonais prennent grand soin des objets qu’ils possèdent et des lieux où ils vivent. Nous pourrions même dire qu’ils prennent religieusement soin de tout ce qui les entourent. Encore une fois, les enseignement de la religion shintoïste l’influence de la philosophie confucéenne y sont pour quelque chose. Même dans les récits fantastiques sont relatés des histoires d’objets se transformant en yôkais parce que leur propriétaire n’en prenait pas assez soin. Ou encore des maisons hantés par des esprits parce que les locataires ne passaient suffisamment le balai.
À chaque arrêt dans un terminal de gare, les trains japonais à grande vitesse sont intégralement nettoyés. Une équipe de fourmis nettoyeuses attendent leur arrivée et en interdisent l’entrée de pied ferme. Une fois le train à l’arrêt, elles s’affairent avec dévouement à un nettoyage intégral. C’est le miracle de sept minutes. Durant ces sept minutes, chaque geste est mesuré, minuté et appliqué avec une rigueur à peine imaginable en occident. Résultat, les trains sont parfaitement propres. Nous pourrions aussi parler des agents des stations de train et de métro qui utilisent des pinces pour atteindre les objets tombés sur les voies. L’outil s’avère cependant difficile à manier pour se saisir avec succès les écouteurs, surtout ceux sans fil. Les écouteurs sans fil ont en effet tendance à se coincer dans les graviers sur les rails. Eh bien JR East, l’opérateur des trains desservant Tokyo (Japon) et sa banlieue a déployé les grands moyens face à la recrudescence des écouteurs sans fil tombés sur les voies. L’entreprise s’est en effet associée à l’entreprise japonaise Panasonic pour créer un aspirateur spécialement conçu pour récupérer sur les rails les Airpods et autres équipements de ce type. Et ce, depuis 2020.
Si ces pratiques reflètent une fois encore l’hygénisme à la japonaise, cherchant donc à respecter le confort des utilisateurs de trains, il s’agit également de respecter l’objet lui-même et sa valeur symbolique (sic, shintoïsme) en prolongeant un maximum sa durée de vie. De cette manière, les trains vieillissent peu, comme les métros, et peuvent avoir une longue vie en fonctionnement. Il en va de même pour les stations qui sont perpétuellement nettoyées, les employés allant même jusqu’à gratter les éventuels chewing-gums collés à terre… Les pâtisseries, les boulangeries, les cafés, les restaurants, les konbinis et tout autre lieu public (commerces, magasins, boutiques, bibliothèque municipale, librairies, musées…) subissent le même traitement. Cette propreté des services donne véritablement envie de participer à ce respect collectif pour les biens publics.
D’ailleurs, dans les boutiques de mode japonaise, on commence par enlever ses chaussures pour accéder aux cabines d’essayage. Pour passer un vêtement, l’on doit porter un masque spécial pour éviter de tacher les pièces avec du fond de teint, de sorte à ce que les vêtement puissent être utilisés dès le client suivant sans avoir été souillés, s’ils ne sont pas achetés immédiatement. Ensuite, en temps de pluie, lorsque les japonais veulent rentrer dans un endroit, ils sont priés de poser leurs parapluies mouillés dans un bac commun. Certaines grandes chaînes ou centres commerciaux proposent une solution alternative qui permet non seulement de ne pas l’égoutter, mais en plus d’éviter de se faire "emprunter" malencontreusement son parapluie. Il s’agit d’un petit sac en plastique, comme une sorte de préservatif qu’on enfile au parapluie d’une seule main. Enfin, lors d’évènements sportifs, à la fin des matches, les supporters nippons ramassent tous leurs détritus, laissant des gradins presque immaculés qui tranchent largement avec ceux d’autres nationalités. Leurs joueurs leur emboîtent le pas en nettoyant eux-mêmes leurs vestiaires. Les Japonais se font ainsi involontairement une belle publicité de leurs civisme et propreté face au monde entier ébahi, alors que le geste semble finalement si évident.
Paradoxe : cette règle ne semble pas fonctionner avec l’habitat ! Pour cause, les maisons ne sont pas construites pour durer. Après 30 ans, on considère déjà qu’une maison est vieille au Japon. Le plus souvent, les nouveaux propriétaires préfèrent détruire une maison pour construire du neuf, plus moderne et surtout plus sécurisant. Pour cause, le sol étant instable, les techniques de construction les plus modernes sont prisées. Et quand bien même, l’option de la destruction/reconstruction semble souvent préférée. Pas d’âme pour les maisons ? Une grande perte pour la culture du pays. Partout, les maisons traditionnelles s’effacent pour faire place à des blocs froids, occidentalisés et sans âme… Il est triste de constater que d’ici deux ou trois générations, il ne restera pratiquement rien, hormis les temples historiques, de ce passé architectural si riche.
Toujours pour parler d’hygiène et de respect des lieux, les Japonais ont le concept de soto/uchi (/). Ils marquent une vraie différence entre l’extérieur et l’intérieur. Sur un plan physique, elle se matérialise par le genkan, un vestibule d’un ou plusieurs mètres carrés que l’on trouve à l’entrée des maisons et appartements, ryokan, temples ou encore les izakaya (bars-restaurants).
Il est impensable de marcher en chaussures dans un intérieur nippon, chez soi ou dans un espace partagé. On les y retire donc pour marcher à l’intérieur en chaussettes ou en slippers, des sortes de chaussons en plastique (et non pied-nus, toujours par mesure d’hygiène). Il est donc important d’avoir toujours sur soi une paire de chaussettes propre et non trouée !
Je rajoute un petit paragraphe sur les toilettes japonaises. Il y a beaucoup à dire sur le sujet mais pour rester dans le thème du cours, sachez qu’au Japon des toilettes gratuites sont accessibles à de très nombreux endroits (gares, konbini, grands magasins, lieux touristiques...), ce qui évite les "épanchements" au coin des rues. Il semble également que les Japonais hommes soient plus nombreux que d’autres nationalités à faire la petite commission assise et non debout, évitant ainsi les "projections" malencontreuses sur la cuvette des toilettes.
Enfin, pour les habitants de maisons dans les quartiers résidentiels, le nettoyage ne s’arrête pas aux limites du terrain dont on est propriétaire. Ainsi, chacun balaye et entretient au quotidien la portion de trottoir (voire de route) située devant sa maison : on balaye les feuilles mortes ou les saletés éventuelles, on désherbe ses bas-côtés, on déneige... De cette manière, les zones partagées sont préservées et plus agréables à parcourir.

5. Les associations de nettoyage

Le Japon possède même des organisations de bénévoles dévoués au nettoyage. De Tokyo à Paris, l’association sans but lucratif Green Bird (oiseau vert), est désormais connue à l’échelle internationale pour organiser ses actions nettoyages dans les grandes villes du monde. On reconnaît ses membres par leurs tabliers verts et leurs gants jaunes. L’idée est simple : « A clean town also makes people’s hearts and minds cleaned. » (une ville propre fait des gens au cœur et à l’esprit sains.)
Ce type d’organisation invite les citoyens à s’activer dans le nettoyage des rues de leur ville. Mais que reste-t-il à nettoyer dans un Japon si propre ? C’est là tout l’enjeu de ce type d’organisme. Il ne s’agit pas que de ramasser les ordures très visibles comme des canettes ou des objets gros, mais bien de rechercher les petits éléments, gratter les sols et trouver ce déchet que le commun ne verra pas forcément. L’idée est d’assainir un lieu avant que la saleté ne puisse être détectée. De plus, d’un point de vue sanitaire, la saleté ne se limite pas qu’à l’aspect visible des choses.
Pensez à jeter un coup d’oeil sur le site web de Green Bird (même si tout est en écrit en japonais): Green Bird

6. Routes et véhicules immaculés

Le monde de la route est également un exemple de propreté au Japon. De manière générale, l’air est très peu chargé en particules fines, et ce même à Tokyo qui est une des capitales d’Asie les plus épargnées par les problèmes de pollution. En avance sur le reste du monde, de nombreuses voitures sont hybrides, électriques ou possèdent de très petite cylindrée. Par ailleurs, le Japon a imposé des restrictions aux moteurs diesel dès les années 70. De plus, les vélos sont très nombreux sur les routes de la capitale et les réseaux des transports en commun sont particulièrement efficaces. Avoir une voiture à Tokyo est plus un fardeau que l’inverse.
Mais ce qui est remarquable sur les routes, c’est la propreté des véhicules eux-mêmes. En dehors des taxis immaculés dont le modèle de voiture semble avoir traversé le temps sans dommage, les camions de chantier et machines servant à la construction, nombreux à Tokyo, sont généralement très propres. Chaque jour, le conducteur prend soins de son matériel et va nettoyer méticuleusement son véhicule en fin de journée. Il est donc courant de croiser des camions aux parechocs chromés étincelants en plein transport de matériaux. Une véritable fierté pour son propriétaire, qui n’hésitera parfois pas à parer son véhicule de décorations divers ou de lumières.

7. Chaque chose à sa place !

Au Japon, on est rapidement frappé de voir comment chaque chose doit être à sa place. Si cette mentalité peut parfois ralentir certaines évolutions des structures sociales et profiter à des politiques plus conservatrices que progressistes, elle est centrale dans la vie des japonais. Tout simplement, il y a donc des choses qui ne se font pas aux endroits qui ne sont pas adaptés pour les réaliser ! Comme précisé plus haut, il est très rare de voir un japonais manger en marchant en rue. Plus commun, les chaussures se retirent à l’entrée du domicile. La démarcation entre le propre et la saleté est physique.
De cette manière, on peut considérer que, dans l’imaginaire collectif japonais, la saleté n’a pas sa place dans une société civilisée. Les déchets ont donc leur propre place et il convient à chacun de les y conduire. Cependant, le Japon reste un pays très industrialisé, avec les conséquences que connaissent tous les pays développés et le manque d’investissement de certains acteurs clés de la société dans les questions écologiques. Le cas de Teshima, située à l’Est de la Mer intérieure de Seto, nommée aussi l’île aux déchets, en est assez révélateur. Cette décharge industrielle illégale créée dans les années 80 a ravagé l’environnement local jusqu’à nos jours, faisant le bonheur de nombreuses industries polluantes. Ce cas témoigne de l’histoire d’un Japon en plein boom économique totalement dépassé par la profusion de ses déchets industriels et urbains, préférant fermer les yeux sur les externalités du mode de vie moderne en les envoyant loin des yeux du consommateur.

8. L’évitement du contact

En opposition avec les cultures occidentales, les japonais ont tendance à éviter tout contact physique entre eux et d’autres personnes. Par exemple, pour effectuer les salutations, les japonais s’inclinent devant leur interlocuteur. Et ce n’est pas qu’une simple inclination. Il y a tout une façon de faire et de montrer son respect à l’interlocuteur en fonction de votre position par rapport à ce dernier et vice-versa. Les japonais ne font jamais la bise et ne serrent pas la main. Après, s’ils sont à l’étranger dans un pays occidental, ils vont sans doute serrer la main aux hommes mais ne feront sans doute pas la bise aux femmes.
Au Japon, cet évitement du contact va beaucoup plus loin. Ainsi, les chauffeurs de taxi sont équipés de gants blancs, bien que les portes arrières s’ouvrent et se ferment automatiquement. Au restaurant, chaque client qui s’assoit à table se voit remettre une petite serviette chaude qui fait office de rince-doigts pour qu’on s’y essuie les mains avant de commencer à manger. Bien que cela ne soit pas l’usage, certains Japonais en profitent pour également se la passer sur le visage, le cou et la nuque. Cette petite serviette chaude est nommée お絞り . おしぼり. Notez la présence du préfixe de politesse . Dans les boulangeries et pâtisseries, les employés déplacent les produits avec des pinces sur un plateau, et jamais à la main comme en Occident.
Enfin, dans les commerces, il est très mal vu de donner de l’argent de la main à la main. Lorsque les japonais ont besoin de payer quelque chose ou lorsqu’ils reçoivent leur salaire ou doivent rembourser quelqu’un, ils utilisent un intermédiaire pour éviter le contact direct. Par intermédiaire, j’entend un objet ou un procédé. Ainsi, si le salaire n’est pas forcément reçu par virement bancaire (procédé), il est mis dans une enveloppe (objet) avant d’être donné. Et l’enveloppe doit être tenu à deux mains. Dans les commerces, au moment de payer à la caisse, si un japonais veut payer en liquide ou en petite monnaie, il pose l’argent dans un petit plateau. Encore une fois, jamais de la main à la main.

9. Le port du masque

Précurseurs dans l’utilisation du masque sanitaire, les Japonais comme d’autres peuples asiatiques ont très tôt pris conscience de la dangerosité des épidémies. Utilisé lors des virus saisonniers en hiver et des pics de pollution dans des pays asiatiques en pleine industrialisation (Japon, Chine, Taiwan et Corée du Sud notamment), le port du masque est indisociable des ces diverses cultures.
Associé au respect des règles d’hygiène élémentaires et au traçage efficace des voies de contamination, le masque est depuis le début de la pandémie fortement recommandé au Japon et imposé en Corée du Sud, à Taïwan et en Chine. Passées les pénuries des premiers mois, son port s’est généralisé et l’habitude est restée. A l’automne 2021, quand le nombre de contaminations quotidiennes ne dépassait pas quelques dizaines par jour au Japon et qu’aucune mesure restrictive n’était en place, tout le monde continuait d’en porter dans les transports comme dans les rues, au bureau ou dans les salles de classe.
Le Japon est l’un des pays les plus peuplé du monde et pourtant il enregistre un nombre de décès due au COVID-19 parmi les moins élevé.

10. L’apprentissage dès l’enfance

L’espace sain permet la paix de l’esprit, donc un meilleur travail ! Cette phrase, je l’ai mentionné plus haut quand j’ai parlé des entreprises. Ce principe s’intègre aussi dans les écoles primaires où les enfants Japonais apprennent la propreté et le respect de l’environnement. Ils sont eux-mêmes sont régulièrement invités, tel un jeu collectif, à ranger et nettoyer leur classe. Même à l’école maternelle, après la récréation, les plus jeunes vont spontanément se laver les mains collectivement. Dans certaines écoles seulement, la pratique est poussée au point même où les élèves vont faire leur propre vaisselle après le repas.
Dans certaines régions du Japon, l’école inculque donc très tôt aux enfants les valeurs de la vie. À l’approche de la rentrée des classes, il n’est ainsi pas rare de voir figurer sur la liste de matériel scolaire remise aux parents, des ciseaux, des crayons de couleur et… un chiffon nettoyant. Afin que les enfants fassent le grand ménage de fond en comble à la japonaise.
Cette éducation, qui vise à transmettre les valeurs de respect, de propreté, de politesse et de sécurité, des valeurs transmises très tôt, a des répercutions bénéfiques sur les adultes qu’ils deviendront.

Conclusion

Enfin, le bout du tunnel. Je ne pensais pas finir cette troisième saison sur un cours de vocabulaire aussi long. Ce simple cours m’a demandé des heures de travail, recherche, écriture, correction et réécriture. J’ai découvert tellement de choses sur le nettoyage et la propreté au Japon, je n’imaginais que le sujet était aussi vaste et j’espère que vous aussi vous aurez élargit vos connaissances sur la culture japonaise.
Il est enfin grand temps de vous laisser avec la petite phrase redondante qui fait toujours plaisir. N’hésitez pas à relire le cours plusieurs fois pour bien assimiler tout ce que nous venons de voir, entraînez-vous encore et toujours à écrire vos hiragana, vos katakana et vos kanji. Révisez le vocabulaire même dans les cours précédents.
Merci à tous et à toutes d’avoir lu ce cours et bon courage pour l’avenir.