Nous avons vu lors du cours précédent qu’il existe deux manières différentes de lire les kanji : la lecture purement japonaise et la lecture sino-japonaise.
Nous nous sommes aussi posés les questions suivantes, à savoir : comment savoir si nous devons prononcer tel nouveau mot en lecture purement japonaise ? Ou en lecture sino-japonaise ? Quand ce n’est pas carrément un mélange des deux ?!
Afin de comprendre tout ce mystère, nous allons tout de suite voir tout cela dans ce cours sur les règles d’utilisations des kanji.
Et pour cette leçon, nous allons réutiliser la plupart des kanji que nous avons vu dans la leçon précédente, j’espère donc que vous avez bien révisé.
白 .
しろ .
ハク → Blanc / Blanche
鳥 .
とり .
チョウ → Oiseau (allonger le kana)
羊 .
ひつじ .
ヨウ → Mouton (allonger le kana)
毛 .
け .
モウ → Poil (allonger le kana)
火 .
ひ .
カ → Feu
山 .
やま .
サン → Montagne
薬 .
くすり .
ヤク → Médicament
神 .
かみ .
シン → Dieu, divinité
木 .
き .
ボク, モク → Arbre
緑 .
みどり .
リョク → Vert
茶 .
チャ, サ → Thé
Notez que pour que les prononciations sino-japonaises des kanji 鳥 . とり . チョウ, 羊 . ひつじ . ヨウ et 毛 . け . モウ, nous devons allonger le kana. Pour l’instant, ne vous posez pas de questions, nous verrons plus en détail le pourquoi dans une prochaine leçon sur l’analyse poussée des kanji. Pour l’instant, nous nous en tenons là mais ne vous inquiétez pas, tout vous sera expliqué le moment venu.
Nous allons maintenant créer de nouveaux mots en japonais. Nous avons vu dans le cours précédent le principe à suivre. Dans les grandes lignes, pour créer des mots en japonais à partir des kanji, il suffit de les combiner entre eux. N’oubliez pas que les kanji sont des idéogrammes. Un kanji seul traduit une idée, et plusieurs kanji combinés ensemble traduisent une nouvelle idée.
Par exemple, si je veux dire « laine ». La laine, qu’est-ce que c’est ? C’est le nom que l’on donne au poil de mouton – bon, il existe d’autres animaux à partir desquels on peut produire de la laine comme le lama, par exemple, mais restons du point de vue d’un japonais – donc, nous utiliserons d’abord le kanji de « mouton ».
羊 .
ひつじ .
ヨウ → Mouton
Sachant que la laine, c’est le nom que l’on donne au poil de mouton, pour pouvoir dire « laine », je dois combiner le kanji de 羊 avec celui de « poil ».
毛 .
け .
モウ → Poil
Cela nous donne :
羊毛 .
ヨウモウ → Laine
Si vous prêtez bien attention, vous aurez remarqué que nous avons combiné les prononciations sino-japonaises des kanji entre eux.
Pourquoi n’aurions-nous pas pu plutôt combiner les prononciations purement japonaise ひつじ et け ? Cela nous aurait donné « poil de mouton » et non pas « laine ». J’espère que vous comprenez bien le principe. En utilisant les lectures sino-japonaises de ces deux kanji, nous montrons que nous les avons bien combiné pour créer un nouveau mot.
Prenons un autre exemple.
Si nous voulons dire « cygne », nous utiliserons d’abord le kanji de « blanc » que nous allons combiner avec le kanji de « oiseau ».
白 .
しろ .
ハク → Blanc / Blanche
鳥 .
とり .
チョウ → Oiseau
Cela nous donne :
白鳥 .
ハクチョウ → Cygne
Encore une fois, nous avons combiné les prononciations sino-japonaises des kanji entre eux.
Pourquoi n’aurions-nous pas pu plutôt combiner les prononciations purement japonaise しろ et とり ? Cela nous aurait donné « blanc oiseau ». Pas très logique donc. Le cygne est bien un oiseau blanc mais nous voulons bien dire très exactement le mot « cygne » et non pas le mot « oiseau blanc ». Encore une fois, c’est en combinant les lectures sino-japonaises de ces deux kanji que nous montrons que nous les avons bien combiné pour créer un nouveau mot.
Pour ce qui est des adjectifs qualificatifs comme les couleurs et comment s’utilisent les adjectifs qualificatifs en japonais, nous ne verrons cela qu’à partir de la saison quatre, donc franchement, vous n’avez pas besoin de vous prendre la tête avec ça pour l’instant.
Prenons un troisième exemple.
Si nous voulons dire « mythologie, mythe », nous utiliserons d’abord le kanji de « dieu, divinité » que nous allons combiner avec le kanji de « histoire, conversation ».
神 .
かみ .
シン → Dieu, divinité
話 .
はなし .
ワ, カイ → Histoire, conversation
Cela nous donne :
神話 .
シンワ → Mythe, mythologie
Encore une fois, nous avons combiné les prononciations sino-japonaises des kanji entre eux.
Pourquoi n’aurions-nous pas pu plutôt combiner les prononciations purement japonaise かみ et はなし ? Nous pourrions nous dire que, cette fois-ci le sens aurait été le même : « l’histoire des dieux ». Mouais mais non, le mot a été conçu pour se prononcer シンワ. Retenez-le donc ainsi.
Prenons un quatrième exemple.
Si nous voulons dire « arbre divin », nous utiliserons d’abord le kanji de « dieu, divinité » que nous allons combiner avec le kanji de « arbre ».
神 .
かみ .
シン → Dieu, divinité
木 .
き .
ボク, モク → Arbre
Cela nous donne :
神木 . シンボク → Arbre divin
Comme pour l’exemple précédent, le mot a été conçu pour se prononcer シンボク. Retenez-le donc ainsi.
Allez, un tout dernier.
Par exemple, si nous voulons dire « poudre à canon », nous utiliserons d’abord le kanji de « feu » que nous allons combiner avec le kanji de « médicament ».
火 .
ひ . カ → Feu
薬 .
くすり . ヤク → Médicament
Cela nous donne :
火薬 .
カヤク → Poudre à canon
La façon dont ce mot a été construit peut sembler étrange pourtant c’est ainsi qu’il a été créé donc apprenez-le tel quel.
Et nous voilà sur notre règle principale, la règle la plus importante des kanji, celle qui va régir toute l’utilisation des kanji (ou en tout cas, 99% des cas). Je vous la mets ci-dessous, retenez-la bien.
Règle principale : quand on utilise un kanji seul pour créer un mot, on le lit dans sa lecture purement japonaise. Quand on combine deux kanji ou plus pour créer un mot, ils sont chacun lut dans leur lecture sino-japonaise.
Donc, vous voyez bien que grâce aux prononciations sino-japonaises, les japonais ont créés toutes une gamme de mots nouveaux, un peu plus complexes que tout le vocabulaire de base qu’ils possédaient avant l’arrivée des kanji et des prononciations sino-japonaises, et ont ainsi considérablement étoffé leur langue.
À cette règle principale vont se juxtaposées deux petites règles annexes toutes aussi importantes qui vont ajouter quelques petites touches de variations.
Dans un mot sino-japonais, il va parfois arriver que le premier kana du second kanji prenne un accent, et cela pour des raisons de prononciation. Cela n’arrivera pas à tous les coups mais cela arrivera de temps en temps. Pour l’instant, commençons avec un exemple.
Prenons le kanji de « feu » et le kanji de « montagne » :
火 .
ひ .
カ → Feu
山 .
やま .
サン → Montagne
Pour créer le mot « volcan », nous allons combiner les prononciations sino-japonaises de ces deux kanji.
火山 .
カサン → Volcan
Mais le mot « volcan » ne se prononce pas « カサン ». C’est une prononciation quelque peu difficile pour les japonais, alors nous allons rajouter un accent, un dakuten, comme nous en avons déjà vu dans une précédente leçon.
Nous aurons donc le mot :
火山 .
カザン → Volcan
Ainsi, le mot 火山 . カザン avec un « ザ » est bien plus facile à prononcer pour les japonais. Quoiqu’il arrive, le mot « volcan » se prononcera toujours « カザン ». Quand la première règle annexe s’applique à un mot, elle demeure immuable. Si vous prononcez ce même mot « カサン », les japonais ne comprendront pas le mot « volcan ».
Il n’existe aucune méthode particulière pour savoir quand est-ce que nous utiliserons un dakuten et quand est-ce que nous n’en mettrons pas, si ce n’est pour des raisons de prononciation. Vous aurez remarqué que pour les mots « laine » ヨウモウ et « cygne » ハクチョウ, nous n’avons pas mis de dakuten… tout simplement parce qu’il n’y en a pas et les japonais n’ont aucune difficulté à prononcer ヨウモウ (laine) et ハクチョウ (cygne).
En fait, c’est aussi un petit peu une question de ressenti et, en même temps, de mémorisation. Vous devez apprendre par cœur les mots qui prennent un dakuten en gardant à l’esprit que, si dakuten il y a, c’est pour faciliter la prononciation. Donc, mettez-vous un peu à la place des japonais et apprenez à ressentir si un mot sino-japonais vous semble facile à prononcer ou pas. S’il y a un dakuten, c’est toujours pour faciliter la prononciation.
Maintenant que toutes ces explications ont été données, voyons un autre exemple en prenant le kanji de « vert » et le kanji de « thé » :
緑 .
みどり .
リョク → Vert
茶 .
チャ, サ → Thé
Pour créer le mot « thé vert », nous allons combiner les prononciations sino-japonaises de ces deux kanji.
緑茶 .
リョクチャ → Thé vert
Pas de dakuten ici, le mot se prononce facilement.
Dans un mot sino-japonais, il va parfois arriver que le second kana du premier kanji devienne une pause, et cela pour des raisons de prononciation. Afin d’illustrer cette règle, nous allons prendre comme exemple ce mot :
立食 → Buffet
Les lectures sino-japonaises sont リツ et ショク, ce qui devrait nous donner リツショク. Mais cette prononciation est assez complexe pour les japonais. Du coup, nous allons placer une pause entre リツ et ショク, ce qui nous donne :
立食.
リツショク → Buffet
Prenons un autre exemple avec un mot que nous avons déjà vu dans la leçon sur la pause (encore une fois !) :
楽器 → Instrument de musique
Les lectures sino-japonaises sont ガク et キ, ce qui devrait nous donner ガクキ. Mais, encore une fois, cette prononciation n’est pas très naturelle pour les japonais. Du coup, nous allons placer une pause entre ガク et キ, ce qui nous donne :
立食 .
ガッキ → Instrument de musique
Continuons avec un troisième exemple :
発火 → Début de feu, inflammation
Les lectures sino-japonaises sont ハツ et カ, ce qui devrait nous donner ハツカ. Mais, encore une fois, cette prononciation n’est pas très naturelle pour les japonais. Du coup, nous allons placer une pause entre ハツ et カ, ce qui nous donne :
発火 .
ハッカ → Début d’un feu, inflammation
Continuons avec un quatrième exemple :
発車 → Départ du train
Les lectures sino-japonaises sont ハツ et シャ, ce qui devrait nous donner ハツシャ. Mais, encore une fois, cette prononciation n’est pas très naturelle pour les japonais. Du coup, nous allons placer une pause entre ハツ et シャ, ce qui nous donne :
発車 .
ハッシャ → Départ du train
Très souvent, les lectures sino-japonaises d’un kanji sont composées en général d’un ou deux kana en moyenne, parfois trois, surtout si nous avons une combinaison allongée.
Il faut bien comprendre que, lorsque les prononciations chinoises ont été katakanisés, les japonais se sont retrouvés avec généralement deux syllabes, rarement trois, et parfois des syllabes se terminant par un ん.
Cette deuxième règle annexe n’arrive pas à tous les coups. C’est à force d’apprendre du vocabulaire et d’observer la construction des mots sino-japonais que vous parviendrez à comprendre que, si tel mots sino-japonais contient une pause alors cela veut dire que la deuxième règle annexe s’applique…
L’important est que vous compreniez bien comment tout cela fonctionne.
Évidemment, il peut arriver que ces deux règles s’appliquent parfois en même temps. Tout de suite un exemple :
発表 → Annonce
Les lectures sino-japonaises sont ハツ et ビョウ, ce qui devrait nous donner ハツビョウ. Mais, encore une fois (oui ! Je me répète !), cette prononciation n’est pas très naturelle pour les japonais. Du coup, nous allons placer une pause entre ハツ et ビョウ. En plus de cela, nous allons transformer le ビョウ en lui ajoutant un handakuten sur le premier kana. Il devient alors ピョウ.
発表 .
ハッピョウ → Annonce
Notez que, très souvent, le second kana du deuxième kanji qui devient une pause est un ツ. Ce sera très souvent le cas. C’est pourquoi la pause, à la base, nous l’écrivons avec un petit ッ. Nous verrons plus en détail pourquoi la pause s’écrit avec un petit ッ dans un prochain cours. Retenez pour l’instant que la pause avec un petit ッ a été créée lorsque les japonais ont commencé à combiner des kanji pour créer de nouveaux mots car c’est le plus souvent le kana ツ qui se transforme en pause.
Arrivé à ce stade dans votre apprentissage de la langue japonaise :
– Vous avez étudié les quatre règles de la katakanisation.
– Vous avez appris à retranscrire les noms propres étranger en japonais.
– Vous avez appris les nouvelles combinaisons de katakana qui facilitent la retranscription des mots étrangers en japonais.
– Vous avez étudié toutes les règles d’utilisation des kanji, vous savez maintenant que chaque kanji a une lecture purement japonaise et une lecture sino-japonaise.
– Vous savez qu’on utilise la première prononciation quand on utilise um kanji seul et la seconde prononciation quand on combine plusieurs kanji pour créer des mots plus complexes.
– Vous connaissez toutes les règles autour des accents, des pauses et des allongements.
– Vous connaissez par cœur (je l’espère !) tous vos hiragana et vos katakana, tant à l’oral qu’à l’écrit.
Nous allons enfin pouvoir poursuivre sur la création de nos premiers mots en kanji. Nous en avons déjà vu quelques-uns dans ce cours et dans les cours précédents, alors n’hésitez pas à les réviser avant de passer au cours suivant. Il est très important de connaître par cœur du vocabulaire.
Ce cours est à présent terminé, je vous remercie de l’avoir lu. Continuez d’être assidu dans votre travail et vous ferez des progrès, je vous le garantis.
Bonnes révisions à tous et à toutes.
Introduction